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revendiquer. Je l’acceptai presque malgré moi, comme on a pu le lire ailleurs, après mon élévation au Sénat de l’Empire, qui se montrait fort jaloux des distinctions nobiliaires appartenant à ses membres, et ne manquait pas une occasion de les en qualifier.

Vers la fin du règne du Roi Charles X, mon père avait pris un intérêt et une part active dans l’administration du journal Le Temps (rue Richelieu, 92), qui ne contribua pas peu au renversement de la Légitimité. Il donnait même des articles à ce journal, sur les questions de sa compétence, et ce fut le motif de l’apposition de sa signature au bas de la fameuse Protestation des Journalistes, en juillet 1830.

Quant à moi, bien qu’âgé de mes vingt et un ans accomplis, jusqu’aux ordonnances liberticides contre lesquelles cette protestation s’éleva, je restai simple observateur des événements. Dès cette époque, j’avais acquis la conviction que le Gouvernement Parlementaire, inauguré chez nous, en 1828, par le Ministère de M. de Martignac, suffisait de reste pour amener la chute de la Restauration, si détestée de mes parents, et qu’il n’était pas besoin, à cet effet, de se rendre coupable de conspirations ni de menées secrètes ; encore moins, de chanter, en famille, la Marseillaise, l’hymne de Riego, ni d’autres productions musicales de cet ordre. C’est pourquoi je gardais un calme qui passait pour de l’indifférence.

Aussi, fut-on surpris de la résolution avec laquelle j’allai, dès le lendemain des « Ordonnances », rejoindre mon père, afin de partager son sort, aux bureaux de la rédaction du Temps, dirigé par Coste, qui, d’accord avec