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n’ai jamais su laisser chômer, — en la berçant de cette autre musique, sauf à laisser aller à tous les vents mes œuvres poétiques, ainsi que mes compositions musicales de toute nature.

Ce dont je me mêlais le moins, c’était de politique. Excepté mon grand-père Haussmann, le vieux Conventionnel, qui m’en approuvait fort, tous les miens s’en étonnaient, pour ne pas dire plus. Mais, je pensais qu’ils s’y trouvaient trop engagés et souvent mal.

Encore bien jeune, je vis mon oncle, le colonel Dentzel, affilié des sociétés secrètes que la Restauration fit naître, compromis dans toutes les conspirations du temps ; arrêté plusieurs fois et relâché, grâce à des influences puissantes ; forcé de quitter la France, et de rejoindre, en Grèce, le colonel Favier, pour consacrer, ainsi que lui, son épée, à la cause de l’indépendance hellénique. Devenu Général, toujours comme lui, dans l’armée régulière, mon oncle mourut loin des siens, en combattant contre les Turcs, dans l’Épire, et devenu grand alors, je m’affligeai doublement de cette fin d’une vie si brillamment commencée ; comme aussi, de la tache que, suivant moi, la participation de ce brave officier à de stériles complots, y faisait.

Mon grand-père maternel, dont il était l’unique fils, et qui m’avait, ainsi que je l’ai déjà dit, tenu sur les fonts baptismaux, comme représentant du Prince Eugène, me transféra les avantages de fortune qu’il lui réservait, et m’assura la succession de son titre, que je ne portai pas néanmoins de suite, quand le chagrin l’eut tué, ni pendant la majeure partie de ma carrière, parce que ma famille paternelle négligeait ceux qu’elle pouvait