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salutaire, de la précision des termes, dont témoigne utilement la rédaction de mes arrêtés préfectoraux.

Dans le langage du Droit, il n’existe pas de synonymes. Chaque mot a sa valeur propre, qu’il faut savoir.

On me demandera, sans doute, comment je pus trouver du temps pour tous ces travaux, si divers, et de plus, pour remplir mes devoirs de famille et du monde ; pour aller, l’hiver, au bal, et durant toute l’année, au spectacle. Ajoutez : pour fréquenter le manège de la rue Cadet ; la salle d’escrime de Mathieu Coulon ; le tir au pistolet de Lepage ; puis, selon la saison, l’école de natation Deligny, ou les réunions de patinage de la Glacière et du canal de l’Ourcq, et pour faire bien d’autres choses encore.

Je réponds d’avance : il tient plus de temps qu’on ne le croit généralement, en vingt-quatre heures ; on peut caser bien des choses de six heures du matin à minuit et au delà, quand on a le corps actif ; l’esprit alerte, très ouvert ; la mémoire excellente ; le travail facile et rapide, et surtout, quand on n’éprouve qu’un besoin modéré de sommeil. Et les dimanches ? Rappelez-vous qu’il y en a cinquante-deux par an. Et les fêtes, pendant lesquelles je ne flânais guère ! … Enfin, vous supposez bien que je ne me livrais pas, tous les jours, à toutes mes occupations. Au lieu de me fatiguer, leur grande variété m’amusait, et, par intervalles, je trouvais même des instants de reste pour faire des vers, comme durant toute ma vie, à temps perdu, pendant mes courses, en voyage, pendant mes insomnies, pour chasser quelque idée importune, quelque préoccupation fatigante, ou pour divertir ma pensée, — que je