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m’épargner ces allées et venues. — Je suivis de même les leçons de Cherubini, pour la Composition Musicale, et je fréquentai parallèlement les classes de plusieurs autres grands maîtres de la même époque. À la longue, je devins passablement fort ; je puis même dire : aussi fort que beaucoup des élèves-artistes de ces professeurs, grâce à mes dispositions naturelles, et à l’avantage que me donnaient mes études littéraires, pour le développement d’une idée, même d’une idée musicale, et partant, pour la construction symétrique d’une symphonie ou d’un de ces fragments d’opéra qu’on nomme « cantates ». Jamais, je ne songeai que la Musique dût être, pour moi, plus qu’une distraction élevée de l’esprit, et, de tous les passe-temps, le plus agréable.

Quoique je n’eusse pas encore de carrière bien décidée, j’étais si loin, malgré mes goûts artistiques, de vouloir me vouer aux Beaux-Arts, que je passais quelques heures, tous les jours, avant ou après dîner, dans l’étude du notaire de ma famille, pour y voir comment se traduisaient, dans la pratique, les dispositions du Code Civil concernant la propriété, les successions, les donations, les testaments, les contrats de mariage, de vente, de locations ou d’obligation, les hypothèques, etc, etc., dont on m’enseignait les principes théoriques à l’École de Droit.

Assurément, je n’avais pas plus la pensée d’entrer dans la très honorable corporation des notaires, que de prendre la profession d’Artiste-Compositeur ; mais, je pressentais que la connaissance des affaires me servirait grandement, un jour, et de fait, je m’en suis bien trouvé dans mes fonctions publiques. D’ailleurs, le style notarial, s’il manque d’élégance, donne l’habitude, très