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depuis, mon collègue, comme Sénateur de l’Empire et Grand-Croix de la Légion d’Honneur, après une carrière brillante, accomplie, d’abord, dans l’Inspection des Finances, sous le Gouvernement de Juillet ; puis, dans la grande industrie ; enfin, dans la politique, à titre de Ministre de l’Agriculture, du Commerce et des Travaux Publics, sous Napoléon III.

À peine Bachelier ès Lettres, j’allai me faire inscrire à l’École de Droit, dont je suivis les cours avec autant de régularité que possible. J’y pus donc prendre mes grades sans perte de temps. Je terminai complètement mes études avant la fin de 1830, et je soutins ma dernière thèse de doctorat, au printemps de 1831.

Habitant beaucoup trop loin de l’École pour rentrer à mon domicile entre le cours du matin et celui de l’après-midi, j’étais l’abonné d’un cabinet de lecture, où j’avais, rue des Grés, une place attribuée, avec un tiroir pour serrer mes livres et papiers. Je faisais un premier déjeuner, avant de quitter la maison, à sept heures, et vers dix, j’en demandais un autre au quartier Latin ; non pas, rue Saint-Jacques, chez Rousseau « l’aquatique », où jamais bouteille de vin ne fut débouchée ; où l’ordinaire de beaucoup d’étudiants se composait de deux sous de pain ; trois sous de haricots à l’huile ; eau à discrétion ; mais, chez Flicoteaux, place de la Sorbonne, qui servait de minces côtelettes et de prétendus biftecks, à six et huit sous, et versait un vin problématique aux clients qui ne craignaient pas de faire événement par cette consommation anormale ; ou bien, chez Vigneron, le pâtissier du collège Louis-le-Grand (autrefois, Du Plessis), rue Saint-Jacques, où l’on trou-