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servée, pendant l’intervalle des classes, quand les internes se tenaient dans leurs études. Ils dînaient avec nous, à midi ; mais avec un couvert à part, de vaisselle plate, pour eux et leurs précepteurs, tout en haut de la table, dont notre maître d’études occupait le bout, ayant, à sa droite et à sa gauche, les deux précepteurs. Les Princes prenaient place à côté de ceux-ci. Je venais après M. le Duc de Chartres. En face, après M. le Duc de Nemours, était celui de mes camarades, Édouard Perrot, qui prenait, avec moi, la tête de notre compagnie, rangée par ordre de tailles, dans les allées et venues intérieures et dans les promenades au dehors. — Il entra dans la Magistrature, et il finit sa carrière, comme Président de Chambre, à la Cour d’Appel de Nîmes.

Les autres élèves avec lesquels M. le Duc de Chartres, — que nons appelions « de Chartres » tout court, mais sans tutoiement, — entretenait des rapports familiers, se nommaient : La Borderie, Ferdinand Le Roy et Gabriel Bocher. Les deux premiers appartenaient à des familles ayant des attaches avec la maison de M. le Duc d’Orléans. Le dernier, fils d’un agent de change de Paris, était le frère aîné de M. Édouard Bocher, ancien Préfet du Calvados, sous le Gouvernement de Juillet ; aujourd’hui, Sénateur de la République et représentant des princes d’Orléans ; interne, en même temps que nous, mais au-dessous de nous d’une classe ou deux, au collège Henri IV.

Gabriel, mon voisin d’étude, était le plus excellent, le plus charmant de mes copains. L’étroite amitié qui nous liait ne se démentit jamais, bien que les circonstances nous aient souvent séparés, et mis, sous l’Empire, dans des camps tout à fait opposés. Il fut Se-