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pas alors la gymnastique. La course, le saut, les jeux de toute sorte, l’escrime ; en été, la natation ; en hiver, le patinage, se partageaient notre temps, avec la culture d’un jardin botanique, dont chacun avait un lopin à soigner, tantôt, dans une division, tantôt, dans une autre, pour apprendre le classement scientifique et les caractères extérieurs des plantes les plus importantes. Ceux qui finissaient promptement et bien tous leurs devoirs, entraient en récréation avant les moins laborieux, et c’était un stimulant énergique.

Les promenades au dehors nous donnaient des occasions d’herboriser ; de faire la chasse aux papillons ; de collectionner des insectes ; d’apprendre à discerner (ce que beaucoup de Parisiens ne sauraient faire) un champ de blé d’un champ de seigle ; une luzerne, d’un sainfoin, et à reconnaître les diverses essences d’arbres et d’arbrisseaux d’un bois.

L’étude des sciences abstraites était facilitée par une foule de procédés ingénieux.

Quant au grec et au latin, on les abordait en même temps, par l’explication alternative de textes choisis dans les deux langues, nous permettant, par comparaison, d’en saisir les caractères différents, et fournissant au Maître des occasions de nous faire connaître successivement la plupart des règles de l’une et de l’autre, de telle façon que, le moment venu de les classer méthodiquement dans l’esprit de l’élève, celui-ci ne se trouvait pas égaré, comme en pays inconnu, dans ces compilations indigestes de règles ahurissantes, qu’on nomme : grammaires, et qui rebutent les commençants. On nous habituait, en lisant, à observer la prosodie, seul moyen de la bien savoir, et quand nous