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sentant son objet sous une forme intéressante et, si possible, amusante. C’était, en d’autres termes, de mettre en pratique la théorie du « travail attrayant ». Persuadé que la variété des occupations, en distrayant l’esprit, ravive ses facultés d’altention, il donnait, en quelque sorte, à son enseignement, un caractère encyclopédique, par la diversité des connaissances dont il nous présentait, comme autant de récréations, des aperçus appropriés à l’âge et à l’avancement de chaque groupe d’élèves. Il avait soin, d’ailleurs, suivant le précepte d’Horace, de s’adresser plutôt à nos yeux qu’à nos oreilles.

Le soir, par exemple, au lieu de rester claquemurés, sans merci, dans une étude, ceux qui savaient et récitaient leurs leçons à l’heure dite, assistaient, soit dans le cabinet de physique, soit dans le laboratoire de chimie, soit au milieu des collections d’histoire naturelle du Directeur, à des expériences ou à des exhibitions, combinées de manière à éveiller l’intelligence des plus petits, pendant que les plus grands s’instruisaient, en y prenant une part active. Les explications demandées, au sujet de tels ou tels phénomènes, devenaient des cours abrégés, d’un vif attrait.

Quand le temps était clair, il nous montrait, d’une grande terrasse, le spectacle du firmament ; nous apprenait à distinguer les planètes des étoiles fixes ; à trouver, parmi celles-ci, l’étoile polaire ; à reconnaître les signes du zodiaque ; à déterminer les principales constellations, et, sans en avoir l’air, il nous inculquait des idées générales sur la mécanique céleste.

Le jour, il veillait à ce que les récréations fussent employées à des exercices de corps. On ne connaissait