Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

j’excuse, parce que j’en fus moi-même remué jusqu’au plus profond de mon être, le sentiment patriotique sous l’impulsion duquel, en 1870, la France entière se leva pour venger son double affront de 1814 et de 1815, et se précipita dans la guerre néfaste provoquée si légèrement par un ministère inconscient des périls de cette aventureuse entreprise, qui devait aggraver, par une perte de territoire nous frappant, cette fois, en deçà de nos anciennes limites, la première humiliation de notre malheureux pays, dont j’avais été le témoin dans mon enfance. Mais, ce que je considère comme impardonnable, c’est que des hommes, portés au Pouvoir, imposés au Souverain par la fallacieuse popularité de leur chef, n’aient pas reculé devant la responsabilité d’actes entraînant, d’une manière fatale, ce pays mal préparé pour la soutenir à l’improviste, dans les hasards d’une lutte suprême avec des adversaires complètement prêts à l’engager, comme le savait bien l’Empereur, dont les appréhensions auraient dû servir d’avertissements à des ministres ne relevant plus de lui seul, depuis l’altération de la Constitution de 1852.

Je donnerai, dans le cours de ce livre, des détails très précis à cet égard.