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liste de tiers parti, des plus modérées, je l’avoue, composée des membres sortants exclus des deux listes en présence : MM. Alleman, Philibert, Guigues, en tête de laquelle on faisait fort habilement figurer le nom très populaire de M. Arène, leur ancien collègue, suivi de celui d’un M. Besuchet de Saunois, ancien Médecin de la Marine, patronné par les membres de l’ex-Comité Napoléonien de Paris, que présidait le célèbre général Piat, ancien Commandant de la Subdivision Militaire du Var. On y joignait ceux de M. Ortolan, avocat distingué, d’opinions sages ; de M. Gaymard, Chirurgien de Marine, savant connu par ses trois voyages autour du monde, membre du Conseil Général pour le canton de Saint-Maximin, sans couleur politique ; enfin, celui de M. Carbonnel, Sous-Préfet de Grasse révoqué, furieux, non sans quelque raison, de n’avoir pas obtenu la perception de ville que je demandais pour le dédommager, et pour paralyser son action.

Cette liste ne pouvait réussir ; mais, elle devait détacher beaucoup plus de voix de la liste conservatrice que de la liste rouge. Je n’épargnai donc aucun effort, jusqu’à la dernière heure, pour qu’on désintéressât M. Carbonnel et désavouât M. Besuchet de Saunois, qui, se donnant pour un candidat agréable au Prince-Président, ne craignait pas de m’attaquer personnellement, tous les deux jours, dans La Sentinelle, et aussi, dans certains journaux de Paris, comme un orléaniste hostile aux vrais amis du Prince, etc., etc. M. Léon Faucher savait, de reste, à quoi s’en tenir, et le Prince, également. Ils comprenaient qu’on proposât aux électeurs du Var, comme à ceux de bien d’autres départements, des candidats étrangers à leurs circonscriptions ; mais, à