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ce dernier, mis en avant par l’avocat Pastoret, qu’il ne pouvait jamais gêner.

Mais, les comités conservateurs des quatre arrondissements perdirent un temps précieux en luttes d’influence entre « blancs » et « bleus ». Ces derniers dominaient dans les arrondissements de Toulon et de Grasse, où les légitimistes formaient des exceptions peu nombreuses et médiocrement influentes. À Brignoles, en revanche, les familles de Sabran-Pontevès, de Grimaldi, de Forbin, de Ségur, de Boisgelin, de Sinéty, d’Albertas, etc., etc., tenaient le haut bout et la grande propriété. Les deux camps, de forces égales, s’équilibraient dans l’arrondissement de Draguignan, d’où vient cette famille de Villeneuve, si nombreuse, qu’il faut distinguer ses membres en Villeneuves de Trans, Bargemon, Flayosc, de Vence, etc. Pour y faire marcher d’accord ces camps rivaux, le concours de Mgr de Fréjus me fut des plus utiles. Grâce à lui, je pus modérer les prétentions et vaincre certaines répugnances des blancs, et j’agis moi-même sur les bleus, qui ne se montraient guère plus raisonnables et plus tolérants, par tous les arguments propres à leur faire accepter le principe d’une liste de conciliation. Après bien des voyages et des discours, je parvins à décider les quatre comités mixtes d’arrondissements, qui ne pouvaient se mettre d’accord par correspondance, à s’en rapporter aux décisions d’une réunion de leurs délégués, convoquée à Draguignan, malgré la prétention de Toulon à la prépondérance politique, vu le plus grand nombre de ses électeurs.

Dans cette conférence, où chaque groupe de délégués tâcha de faire prévaloir ses candidats de prédilection, celui de Toulon, qui demandait, à bon droit, pour sa