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tion nouvelle au port de Toulon ; puis, la déposition du Grand-Duc de Toscane ; son embarquement, à Porto-Stefano, sur une frégate anglaise, et l’installation, à Florence, d’un Gouvernement Révolutionnaire, dont Mazzini était membre ; ensuite, la rupture de l’armistice des armées piémontaise et autrichienne ; la bataille de Novare ; l’abdication du Roi Charles-Albert, et une double invasion de notre territoire par des déserteurs italiens et hongrois ; plus tard, l’insurrection génoise, énergiquement réprimée par le général La Marmora, mais qui nous amena de nombreux réfugiés politiques.

Tout cela n’était pas de nature à me créer des loisirs.

Beaucoup de déserteurs, mis en demeure d’opter entre la Légion Étrangère et leur internement en France, préférèrent accepter des offres de pardon qu’ils reçurent de leurs gouvernements respectifs. Les réfugiés politiques furent internés.

Le Roi Charles-Albert, entré le 26 mars en France, muni d’un passeport au nom d’un comte de Barge, Ambassadeur de Sardaigne en Espagne, visé par notre Consul, à Nice, passa la journée du 27 à Antibes, où ses deux fils vinrent lui faire leurs adieux. C’est là que je connus ; pour la première fois, le Roi Victor-Emmanuel, à qui je devais, six ans après, lors de sa visite à l’Exposition Universelle de 1855, donner une grande fête à l’Hôtel de Ville de Paris. Son père se mit en route, dans le nuit du 28, pour l’Espagne, en me recommandant bien de ne signaler nulle part son voyage en France. J’en informai le Gouvernement par une dépêche télégraphique partie de Toulon le 29, lorsque l’arrivée de ce Prince à Barcelone devait avoir eu lieu depuis quelques heures. Mais, je n’aurais pu le faire plus tôt.