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son, conforme à la nature des choses, convient seule, surtout dans le Var, où la restitution complète au Gouvernement, et, selon le cas, au Préfet, qui le représente, du droit de nommer librement les Maires et Adjoints de toutes les communes, est une nécessité de premier ordre, une condition indispensable de sécurité. »

Je n’ai jamais changé d’opinion sur ce point. J’allais même jusqu’à demander que les Maires et Adjoints pris dans les Conseils Municipaux, malgré le droit nouveau du Gouvernement ou du Préfet de les choisir en dehors, cessassent d’en faire partie, afin que leur administration ne fût jamais gênée parla crainte de s’aliéner les électeurs.

Dans les très nombreuses communes à municipalités mal composées, les instituteurs communaux, secrétaires des mairies, sauf de rares exceptions, échappaient à la discipline de l’Autorité Centrale. Quand, après maint avertissement, elle en venait à révoquer ceux dont la conduite politique manquait de mesure, ou bien à les frapper de mutations troublant leurs convenances personnelles, ils se transformaient en instituteurs privés. Comme le Conseil Municipal remplaçait le traitement qu’ils perdaient ainsi par une augmentation de celui qu’ils touchaient en qualité de secrétaires, et que, grâce à l’influence du Maire, ils conservaient la clientèle des familles, leurs remplaçants trouvaient l’école communale à peu près vide.

Quant aux Commissaires de Police, ils pullulaient dans un pays composé de plus de villes et de bourgs que de villages. Je dus renouveler en partie leur personnel et changer de poste beaucoup de ceux qu’il me fut possible de conserver, avant de trouver en eux des organes d’information et des agents d’exécution à peu près sûrs.