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accrocher aux flancs des montagnes, au moyen de terrasses étagées, soutenues par des murs en pierre sèche et garnies de terre portée à dos d’homme. Mais, toute dépense d’argent leur coûte, et les améliorations agricoles exigeant plus que leur temps et leur travail, les rebutent. Sauf de rares exemples, dont le canton de Lorgues offrait le plus notable, les associations ou entreprises d’arrosage entraînant des cotisations ou des abonnements, avaient donc eu jusqu’alors peu de succès.

Une très belle étude, faite par M. Bosc, Géomètre en Chef du Cadastre, et encouragée par l’administration de M. Teissère, dernier Préfet du Var avant 1848, en vue de l’utilisation agricole des principaux cours d’eau du pays, m’intéressa beaucoup. Mon passage dans ce département, quoique bien rapide, ne se termina pas sans que j’eusse favorisé la rédaction définitive des divers projets conçus par cet habile homme de l’art, et le commencement d’exécution de quelques-uns, sous la direction d’un service spécial d’Ingénieur.

Préfet de la Seine, j’aidai M. Frémy, Gouverneur du Crédit Foncier et du Crédit Agricole, dans la formation, due à son initiative, de sociétés qui sont parvenues d’une part, à réaliser, d’après les plans de M. Bosc, les travaux de certaines dérivations des plus nécessaires ; et, d’autre part, à mettre en usage les abonnements d’eau, si difficiles à décider partout, et plus que partout, dans le Var.

Aucun des cours d’eau du département n’est, même en partie, navigable. Mais ils font mouvoir plus de 300 usines, et particulièrement, des moulins â huile ou à ressence et des moulins à farine ; puis, des scieries, des moulins à tan et des tanneries, des foulons, des distilleries, des moulinages de soie, des papeteries, etc., etc.