Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/313

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

guignan. Il s’y déverse dans le golfe de Grimaud, lequel pénètre profondément dans le littoral, sur la limite du canton de ce nom et de celui de Saint-Tropez.

Par ce qui précède, on voit avec quelle merveilleuse abondance la nature dota ce pays, brûlé par le soleil en été, de moyens d’arrosage, répartis entre ses diverses vallées, dont la pérennité se trouve protégée par les forêts décorant et rendant productifs, à la fois, les sommets et les versants non cultivables de ses nombreuses montagnes.

Cependant, je ne rencontrai, dans ces belles vallées, que d’insuffisantes distributions d’eau, bien que chaque ville, bourg ou village eût une fontaine, sinon plusieurs, d’eau toujours jaillissante, limpide, fraîche, pourvoyant avec largesse à tous les usages de ses habitants et de leurs animaux. — C’est même au besoin de jouir en commun de cette véritable richesse, et non pas à la crainte des incursions des Sarrasins, motif allégué communément, que, pour ma part, j’attribue le groupement originel des populations agricoles du Var, maintenu jusqu’à nos jours, en grosses agglomérations de 1,700 à 1,800 âmes, en moyenne, malgré la fatigue des déplacements quotidiens auxquels doivent s’assujettir les cultivateurs, pour se rendre dans leurs champs et pour en revenir, et malgré la difficulté, pour eux, de transporter au loin les engrais qu’ils amassent autour de leurs demeures. — Quant à l’arrosage, chaque riverain d’un courant d’eau, grand ou petit, le pratique avec une intelligence remarquable. Les paysans du Var sont, en effet, industrieux autant que laborieux, et ne plaignent pas leur peine : on le voit aux plantations d’oliviers qu’ils savent