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Toulouse et Montpellier ; — avec une véritable smala, composée de nos deux filles ; de l’institutrice chargée de leur éducation depuis notre départ de Blaye ; d’une femme et d’un valet de chambre, bon maître d’hôtel, connu de nous.

Ainsi que je le faisais entendre au Prince-Président, à Paris, on ne pouvait pas considérer comme une petite entreprise de traverser, d’un bout à l’autre, dans de telles conditions et par des temps si troublés, tout le midi de la France.

Maître Dominique, mon ancien cocher, devenu régisseur de Houeillês depuis longtemps, m’avait envoyé, dès le commencement de février, une calèche et une caisse de harnais et d’objets d’écurie, et je m’étais précautionné d’une paire de chevaux et d’un cocher passable.

J’allai chercher ma petite famille à Marseille, et je la conduisis, d’abord, à Toulon, par Cuges et par les gorges d’Ollioules, qui représentent exactement, disent les voyageurs en Grèce, le passage des Thermopyles. Je pus, grâce à l’obligeance de l’amiral Casy, Préfet Maritime, que je retrouvai plus tard sur les bancs du Sénat de l’Empire, lui faire visiter le port militaire, l’arsenal, la rade, l’hôpital de Saint-Mandrier et le vaisseau à trois ponts, de 420 canons : l’Océan. Le voyage de Toulon à Draguignan (20 lieues) employa toute une journée.

On doit comprendre, par ce détail, combien mes communications avec le Ministre de l’Intérieur, par le télégraphe aérien, qui s’arrêtait à Toulon, étaient lentes, même sans brouillard, et coûteuses, puisque chaque dépêche exigeait une estafette. Or, par la poste, nulle réponse ne pouvait m’arriver avant le huitième jour de la demande !