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tion de partir le plus tôt possible pour Draguignan. Mais, dès le 26, M. Léon Faucher déposait à l’Assemblée un projet de loi sur les Clubs, et, le 27, la déclaration d’urgence qu’il réclamait, en même temps, était repoussée par 418 voix contre 342. Sur le refus, par Le Prince-Président de la République, d’accepter la démission des Ministres, l’Opposition demanda leur mise en accusation, rejetée, le 31, par 488 voix contre 250. Durant ces débats agités, le Gouvernement eut à réprimer des troubles sérieux à Lyon, Marseille, Limoges, Mâcon, Châlon-sur-Saône, etc., dont la coïncidence avec les attaques de ses ennemis contribua, sans doute, à leur défaite. C’est le 2 février seulement, après la publication du dernier vote de l’Assemblée, que l’ordre fut complètement rétabli partout en France, et c’est à Draguignan, où je me rendis, sans plus attendre, après l’issue définitive de la crise ministérielle ouverte le 27 et close le 31 janvier, que j’en reçus l’avis officiel, avec la circulaire adressée, le 4, par le Ministre de l’Intérieur aux Préfets, touchant les grèves et les coalitions d’ouvriers, et quelques instructions spéciales

Ma femme devait m’adresser directement dans cette ville, tous mes bagages, par un jeune domestique, Pierre Réau (fils d’un douanier blayais), pris à mon service personnel depuis le licenciement de Joseph et de Marianne, qui n’en pouvaient plus. À la suite de ma première conversation avec le Prince, j’avais pris la précaution de réclamer, de Bordeaux, l’envoi à Paris de mon dernier uniforme de Sous-Préfet, et d’y faire ajouter quelques broderies pour le transformer en petite tenue de Préfet, en attendant la grande tenue, dont la confec-