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Je n’y manquai pas ; car, j’avais connu familièrement ce Chef de Cabinet du Prince, quand il était jadis Sous-Préfet de Bagnères-de-Bigorre, et moi, de Nérac-en-Albret. Il fut enchanté de me savoir prêt à servir Son Altesse Impériale, bien plus que le Président de la République. Du reste, il connaissait mes sentiments de longue date.

Après un court entretien, il se leva pour avertir de ma présence le Prince, qui me reçut debout, dans le grand salon du rez-de-chaussée, ouvrant sur le milieu du jardin. Mon futur Empereur était déplorablement affecté d’un rhume de cerveau.

Prévenu de ma visite, évidemment, par M. Léon Faucher, il fit porter sa première question sur l’attachement de ma famille à la cause impériale et sur l’origine de mon culte pour la mémoire du Prince Eugène. Il me félicita des services que j’avais rendus à la cause de l’ordre dans la Gironde, et me remercia de mon concours actif au succès de sa candidature. En me congédiant, il serra ma main dans les siennes, et me dit, avec bienveillance, qu’avant peu je saurais, de lui-même, quel poste il m’aurait assigné.

Pendant le petit nombre de jours qui précéda l’effet de la promesse, je fis visite à M. Dufaure, dans son modeste appartement sis au quatrième, rue Lepeletier, afin de lui témoigner personnellement ma gratitude pour son offre de me confier l’administration de son propre département, et m’excuser de n’avoir pas profité de sa bienveillance. Je lui dis : « Mon refus d’alors gêne un peu, dans le présent, mon acceptation d’un poste du « même ordre. » — « Je suis heureux, » me répondit-il, « d’apprendre que le nouveau Gouvernement s’attache