Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/301

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il avait « lui-même » fait un examen attentif de ces dossiers, et que je figurais aux premiers rangs de la liste par lui remise au Prince-Président de la République, des Préfets à prendre dans l’ancien personnel.

Je le remerciai de son appréciation de mes services passés. Elle m’honorait d’autant plus que rien ne pouvait le prévenir en ma faveur. Mais, ajoutai-je, la mémoire des longues années, perdues pour moi, dans la force de l’âge, sous le régime de 1830, avant que la bienveillance marquée de la Famille Royale et celle même du Gouvernement du Roi réussissent à faire prévaloir mes droits reconnus à l’avancement, sur des exigences parlementaires, me donnait peu de goût à rentrer dans l’Administration active, sous un régime très différent, sans doute, mais qui devait avoir également à compter avec les recommandations des Représentants du Pays. Toutefois, je comprenais parfaitement l’importance et, en même temps, la difficulté, pour le Gouvernement réparateur du Prince-Président, d’être secondé par des administrateurs expérimentés et sûrs ; et mes traditions de famille m’imposaient le devoir de faire tout ce que l’Héritier de l’Empereur Napoléon, le neveu du Prince Eugène, voudrait de moi, pour le triomphe définitif de sa cause.

M. Faucher, un peu surpris d’opinions anti-parlementaires et impérialistes qu’il ne professait pas au même degré, prit acte de mon acceptation ; me dit d’aller à l’Élysée, le lendemain, pour me mettre à la disposition du Prince, qui tenait à voir lui-même ses nouveaux Préfets, avant de leur attribuer tels ou tels départements, et me recommanda bien de m’adresser, d’abord, à M. Mocquard, Secrétaire de la Présidence.