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lequel je faisais de plus longues excursions dans les bois de Meudon et de Viroflay, d’une part, et dans ceux de Marnes, d’autre part, lorsque mon grand-père ne pouvait m’accompagner, comme il en avait coutume ; car, il s’occupait beaucoup de moi.

C’est lui qui m’a, je puis le dire, élevé. Je subis, grâce à la grande facilité d’impressions de tous les enfants, l’influence des habitudes méthodiques, des principes d’ordre régnant sans cesse dans la maison de ce véritable sage, comme dans son esprit clair, sensé, bien réglé. Je dois à son exemple, confirmant ses leçons et les conseils dont je n’oubliai jamais d’aller m’inspirer auprès de lui, le sentiment du devoir, la fermeté calme, la persévérance infatigable, qui m’ont donné raison de tant d’obstacles ; la modération de caractère, que la prudence m’interdisait de trop laisser voir, mais dont mes amis zélés purent seuls blâmer les inspirations, et le désintéressement personnel, qui me fit préférer, aux satisfactions de la fortune et des honneurs, celles, moins vaines, assurées, au malheur même, par une bonne conscience et la fierté légitime d’une grande tâche loyalement accomplie.

Un mot, par lequel, encore Étudiant en Droit, sans vocation précise, je l’entendis résumer le récit de certains faits, pesa très certainement, plus tard, sur le choix de ma carrière. — « On ne sait pas assez, » disait-il, « combien la France renferme de ressources et combien elle deviendrait riche et puissante, si elle était bien gouvernée, bien administrée, surtout ! » — N’y trouve-t-on pas, en termes moins éloquents, ce que, longtemps après, le Prince-Président, qui fut Napoléon III, déclarait dans le Programme de Bordeaux : « L’Empire, c’est la Paix ! » quand il tra-