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Beaucoup de fonctionnaires, d’amis du statu quo, beaucoup de gens à qui Strasbourg et Boulogne inspiraient des inquiétudes, avaient voté pour lui.

Et dire qu’aux élections de 1885, cette même Gironde, a donné 20,000 de ses votes aux radicaux, et 60,000, aux républicains opportunistes, tandis que l’Alliance Conservatrice ne réunissait pas plus de 72,000 voix, 32,000, de moins que le Prince, en 1848 ! Cela montre toute l’importance du terrain perdu par les idées d’ordre et d’autorité dans un si grand, un si beau département ! Et, — voici le plus triste : — c’est à Bordeaux même, que la propagande révolutionnaire et socialiste a conquis le plus d’adhérents ! Car, sur l’ensemble des six arrondissements, Bordeaux non compris, nous avions obtenu 40,000 voix environ de majorité, pendant que la ville chef-lieu en apportait seule, 18,000 de plus à nos concurrents, opportunistes et socialistes coalisés, qui nous mirent en minorité de 8,000, au recensement général.

Les 104,000 acquises au Prince Louis-Napoléon, le 10 décembre 1848, représentaient 78 p. 100 des suffrages exprimés, et dépassaient, en conséquence, la proportion atteinte dans la France entière, où sa majorité, montant à 5,534,520, n’équivalait qu’à 75 p. 100 du total des votes émis.

Quelque certaine que parût être son élection, j’avoue qu’en présence des efforts violents déployés contre elle par les Républicains de toutes nuances, des nombreux appuis rencontrés par la candidature du Général Cavaignac, et du singulier prestige exercé toujours, chez nous,