Franklin, présidée par M. Duffour-Dubergier, appuya d’un long discours, la candidature du général Cavaignac. — Le membre de l’assemblée qui demanda la parole après lui, se contenta de dire : — « J’ai l’honneur de proposer la candidature de Son Altesse Impériale le Prince Louis-Napoléon ! » — Une immense acclamation suivit ces paroles, et la proposition, mise aux voix par le Président, fut adoptée à la presque unanimité.
Le 10 décembre parut enfin. Ce jour-là, ma compagnie était de garde à celui des bureaux d’élection qui se tenait à l’ancienne Mairie, sur les fossés Saint-Éloi, en face de « la Grosse Cloche ». Mes hommes inoccupés entre les factions échelonnaient sur le passage des électeurs, et leur disaient à mi-voix : « Pensez au neveu du Petit Caporal », et la plupart des gens du peuple souriaient, en clignant de l’œil.
Voici le résultat, en nombres ronds, des votes du département :
Louis-Napoléon Bonaparte 104,000 |
Le général Cavaignac 20,500 |
Ledru-Rollin 8,400 |
Lamartine 537 |
Cinq cent trente-sept voix pour M. de Lamartine, malgré sa déclaration publique d’acceptation de la candidature, dans ce département, où, le 24 avril, son nom sortait le premier de l’urne électorale !
Les voix de Ledru-Rollin font connaître le chiffre des radicaux et socialistes qu’alors comptait la Gironde.
Celles du général Cavaignac ne lui venaient pas toutes de républicains de la veille ou du lendemain.