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pour demander collectivement ma nomination à Bordeaux. Je m’empressai de répondre, à cette communication, ce que j’avais répondu précédemment à M. Clément Thomas, quand il cherchait à me faire accepter la succession du Commissaire Chevallier : — « Je ne désirais pas rentrer dans l’Administration active avant le vote de la Constitution et l’installation d’un Gouvernement définitif. » — Je n’ajoutai pas qu’en présence du mouvement d’opinion s’accusant, de plus en plus, vers le Prince Louis-Napoléon, je ne voulais pas aecepter un poste où mon devoir officiel pourrait être de le combattre, tandis que mes sentiments personnels me commanderaient de soutenir sa cause. Mais, ce fut la raison décisive de mon refus.

Le 21 juillet seulement, le Général signa la commission de M. Neveux, comme Préfet de la Gironde.

M. Neveux, Secrétaire et Chef des bureaux d’une Mairie d’Arrondissement de Paris, sous le Gouvernement du Roi ; nommé Sous-Préfet de Rhétel, après le 24 février, venait à Bordeaux, sans transition. Il ne me parut pas être plus républicain, au fond, que moi. Dans tous les cas, animé d’un esprit modéré, qui sut comprendre la situation, il s’en accommoda.

Les choses continuèrent à marcher à peu près comme par le passé ; mais je me renfermai dans mes fonctions, et je le fis avec d’autant plus de facilité qu’on ne m’en avait jamais vu sortir ostensiblement. M. Dosquet, maintenu comme Secrétaire Général, conserva la direction effective du travail des bureaux. Le nouveau Préfet employait volontiers son temps à des audiences, plus fécondes en bonnes paroles qu’en résultats. En effet, ce parvenu désirait certainement, avant tout,