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militaire. On y comptait incomparablement plus d’anciens sous-officiers que dans aucune autre : plusieurs chevronnés ; quelques-uns, africains, décorés. Mais, bien des hommes manquaient d’uniformes ou d’objets d’équipement. Avec l’aide du sergent-major, principal clerc de notaire, je me hâtai d’organiser une souscription, que j’allai moi-même recommander dans beaucoup de bonnes maisons des quartiers les plus riches. Nous récoltâmes une assez forte somme ; je la complétai de ma bourse, et bientôt, la 6e du 2e devint un modèle de tenue, comme de régularité de manœuvre. Quand elle allait, sous ma conduite, en quatre sections valant des pelotons, de 20 files de 3 hommes chaque, on en était encore à la formation sur 3 rangs, occuper mathématiquement sa place dans le bataillon, un jour de prise d’armes, cette compagnie, si dédaignée précédemment, excitait l’admiration de toutes. Aussi, m’aurait-elle suivi partout et contre n’importe qui.

NOMINATION D’UN PRÉFET.

Bientôt, l’envahissement de l’Assemblée Nationale, au 15 mai, si promptement réprimé qu’il eût été, vint causer, dans la Gironde, une effervescence générale. Aussi, lors de l’élection complémentaire du 4 juin, pour le remplacement de M. de Lamartine, dont l’option, en faveur du département de la Seine, avait produit une vacance dans notre députation, M. Thiers, candidat patronné par la Société du Libre-Échange, — quoique protectionniste, — passa-t-il, sans la moindre difficulté.

C’est alors que s’affirma nettement la prépondérance électorale du Comité de cette association, présidé par