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même par M. Curé, négociant, beau-frère de M. Feuihade-Chauvin, l’ex-Procureur Général de la Monarchie.

Après, comme avant cette élection, dont je m’abstins de m’occuper ostensiblement, je m’efforçai de ne laisser paraître que le moins possible, mon action, toujours fort importante, sur l’administration de notre Commissaire. Pour cela, j’affectais de m’absorber dans mes modestes fonctions officielles. J’apprenais, à mes jeunes collègues, comment ils devaient examiner et régler les comptes des receveurs municipaux. Je leur faisais des espèces de conférences sur l’assiette des contributions directes, en vue du jugement des demandes en décharge ou réduction des contribuables, ou des avis â donner en matière de remises et modérations. Je dirigeais leur étude des questions appartenant au contentieux administratif, principalement, des réclamations des entrepreneurs contre le règlement de leurs mémoires par les ingénieurs et agents voyers.

Au dehors, je me mêlais de mon mieux à la vie de tout le monde.

J’habitais chez mon beau-père, qui demeurait rue Victoire-Américaine, près de la place du Champ-de-Mars et du Jardin-Public.

Mes fonctions me dispensaient du service de la Garde Nationale. Néanmoins, je me fis inscrire, comme simple fusilier, dans la compagnie de mon quartier, la 3e du 2e de la 2e légion, commandée par M. Duffour-Dubergier. Une fois que cette compagnie occupait le poste de la Préfecture, je fus même placé, comme sentinelle, à l’entrée principale de l’hôtel. C’était exagéré : cela me déguisait trop. Je n’avais pas besoin de montrer tant de