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de Bordeaux ; le Pasteur Maillard, Président du Consistoire de l’Église Réformée ; le Grand Rabbin Isidor, du temple israélite, assistaient à la plantation. Ils furent invités à bénir l’arbre, tour à tour. Je me rappelle même que le pasteur appela sur le sujet la rosée du ciel, et qu’une ondée termina la cérémonie, ce qui fit dire aux plaisants (il y en a toujours !) que, sûrement, des trois, le pasteur jouissait du plus grand crédit, là-haut.

L’affaire au sac, grâce à son bien surprenant discours, M. Clément Thomas n’eut plus qu’une pensée : retourner à Paris, où les gardes nationaux de la deuxième légion venaient enfin de l’élire, comme leur Colonel, à une très forte majorité.

Cette position devant encore mieux favoriser son ambition que celle de Représentant de la Gironde, il se hâtait de la saisir. Elle lui permit, en effet, au 15 mai, de rendre des services qui lui firent attribuer le commandement en chef des Gardes Nationales de la Seine, en remplacement du général Courtais.

Il réunit le Conseil de Préfecture, et nous déclara qu’obligé d’aller se mettre à la tête de sa légion, il voulait, auparavant, user de ses pouvoirs extraordinaires, pour nommer un Commissaire du Gouvernement, pris dans la Gironde, et lui mettre en mains l’administration du département.

Il commença par m’offrir le poste vacant ; mais, je n’hésitai pas une minute à décliner ce témoignage de sa confiance, en lui disant que je ne jouissais probablement pas au même degré de celle de M. Ledru-Rollin, et certainement point de celle des républicains de Bordeaux, auxquels il ne fallait donner aucun prétexte de s’agiter.