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renvoi d’un autre Proconsul, renforcé d’une occupation militaire de Bordeaux.

L’Écho de Vesone, journal de Périgueux, trahissait, en ces termes, dans son numéro du 23 mars, l’ardent désir qu’éprouvait M. Latrade de prendre sa revanche :

« Depuis son arrivée à Périgueux, il a reçu des lettres… qui ne laissent aucun doute sur l’accueil qu’il recevra bientôt de la population de Bordeaux, mieux éclairée. »

Ce journal annonçait le départ immédiat du Commissaire Général pour Paris, et son retour, le 25.

Pendant que cela se publiait à Périgueux, le même jour, 23, à Bordeaux, les clubs républicains, avec leurs bannières et leurs bureaux en tête, se rendaient, dans le plus grand calme et sans aucune démonstration bruyante, à la Préfecture, pour protester contre l’expulsion violente du Commissaire Général Latrade. Leurs délégués, reçus par M. Chevallier, rapportèrent surtout, de leur visite, des félicitations non équivoques pour le bon ordre de leur manifestation, accueillie, du reste, par l’ensemble de la population, avec une indifférence étonnée. Le Courrier de la Gironde, qui paraissait avoir fait compter les manifestants, en donnait le nombre : 1,624.

MISSION DE CLÉMENT THOMAS.

Malgré tout, le Gouvernement Provisoire craignit, sans doute, d’entrer en conflit avec une des grandes villes de France, dont l’exemple réactionnaire pouvait être imité, ou bien d’essuyer un refus de la troupe, de marcher contre la Garde Nationale de Bordeaux, qui montrait une attitude des plus résolues ; car toutes les