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l’hôtel de la Préfecture, et Bordeaux, pour se diriger sur un autre point.

« Ainsi, ont été exaucés les vœux de la population, qui, sans distinction aucune, entourait ; dans la soirée, la Préfecture. »

Les autres journaux publiés à Bordeaux étaient : La Guienne, légitimiste ; Le Journal de Bordeaux, de l’ancienne Opposition, rallié à la République ; Le Courrier de la Gironde, journal fondé par Henri Fonfrède, pour soutenir ses doctrines libre-échangistes et prêter, au Gouvernement de Juillet, un appui qui lui fut plus nuisible qu’utile, tant sa forme, âpre et virulente déplaisait ; enfin, Le National, feuille républicaine, de création récente.

Sauf Le Courrier de la Gironde, qui raconta l’envahissement de la Préfecture avec la circonstance aggravante de bris de portes dont la foule n’eut pas besoin de se rendre coupable, tous les journaux, par des motifs divers, se montrèrent, comme Le Mémorial, fort réservés à cet égard.

Or, les envahisseurs de l’hôtel, qui s’en étaient retirés seulement après avoir bien constaté la disparition du citoyen Latrade, ne venaient certes pas lui porter l’expression de leurs vœux : saisi par la foule enfiévrée, il n’eût été possible à personne de le faire échapper à l’application de la loi de Lynch, tant le mouvement d’irruption fut rapide et violent.

Nul de nous, assurément, ne pensait que le Gouvernement Provisoire prît, avec calme, cette expulsion insurrectionnelle de son délégué. Nous nous attendions, en conséquence, soit au retour de M. Latrade, soit à