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d’armes de Rochambeau et de Lafayette, comme officier du régiment dit : Royal Deux-Ponts, dans la guerre d’indépendance des États-Unis d’Amérique. Il en revint Chevalier de Saint-Louis, et fut naturalisé Français par lettres-patentes du Roi Louis XVI, en 1784.

Parvenu au grade d’Adjudant Général, il faisait partie de l’État-Major de l’Empereur, et servait auprès du Prince Eugène, lors du mariage de mes parents, célébré à Versailles, dans un petit temple grec décorant le fond du pare de sa propriété de l’Hermitage, ancien domaine de la marquise de Pompadour, près Trianon.

Pendant la première campagne de Prusse, qui suivit de près cet événement de famille, le général Dentzel fut désigné (septembre 1806) pour occuper la ville de Weimar, où l’Empereur allait, bientôt après, établir le quartier général de la Grande Armée. Entré, dans cette « Athènes de l’Allemagne », à la tête de soldats vainqueurs, il réussit à la préserver de tout désordre, et à faire entièrement respecter le palais grand-ducal ; le célèbre théâtre où les tragédies de Schiller et de Gœthe firent leur première apparition ; la bibliothèque, les musées et les collections, qui renfermaient d’inestimables chefs-d’œuvre. Une lettre de Gœthe, alors Conseiller Intime du Grand-Duc de Saxe-Weimar, l’en remercia chaleureusement, et le Grand-Duc lui-même, remis en possession de ses États et devenu membre de la Confédération du Rhin, après le traité de Tilsitt, témoigna sa reconnaissance pour la protection dont mon grand-père avait couvert sa famille, par un autographe, accompagné d’une belle bague ornée de brillants, destinée à ma grand’mère. — Je possède le tout. — En 1809, après la prise de Vienne, l’Empereur, dont