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tout récemment, à Lesparre, il avait à peine eu le temps de se faire connaître de nous avant sa destitution, qu’il ne prit pas en patience, comme MM. Marcotte de Quivières et Davesiès de Pontès subirent la leur. Parlant fort bien, avec éloquence même, il entreprit une campagne réactionnaire dans des réunions politiques, à Lesparre, d’abord ; à Bordeaux, ensuite ; et put la mener avec tant de succès, qu’il parvint à se faire admettre, par les conservateurs, comme candidat à l’Assemblée Nationale Constituante, dans ce département de la Gironde, où son nom était généralement ignoré, quelques semaines plus tôt, hors du petit arrondissement de Lesparre.

On sait le rôle courageux de M. Denjoy dans l’Assemblée de 1848. Il fut Conseiller d’État, sous l’Empire.

Mes amis de Bordeaux voulaient me faire porter également sur la liste des candidats à l’Assemblée, que dressait la Société du Libre Échange, réunion économique, présidée par M. Duffour-Dubergier, ancien Maire de Bordeaux, qui se transformait, de fait, en association politique anti-républicaine. M. le baron Sers insista pour que je restasse à Bordeaux, où je serais plus utile qu’à Paris. Denjoy, dont il appuyait les prétentions, une fois là-bas, me tiendrait au courant de tout ce que j’aurais besoin de savoir. Je me rendis, comme toujours, à son opinion.