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Blaye tout caractère de disgrâce, mettre, dans son arrêté de nomination (17 mars 1848), après les mots : « en remplacement de M. Haussmann », non pas celui de : « révoqué », ni même la qualification plus adoucie de : « démissionnaire » ; mais cette mention : « appelé au Conseil de Préfecture de la Gironde ». — Il insista, par la même raison, pour me donner la délégation spéciale d’aller installer mon successeur.

Je ne m’attardai pas à Bordeaux. De retour à Blaye, j’y trouvai le docteur Gornet, qui m’attendait avec impatience. Prévenu directement par son frère, il était venu d’Eyrans, dès la veille au soir, demander à M. Sebileau de le mettre en possession des bureaux de la Sous-Préfecture, et celui-ci l’aurait fait, sans les observations de ma femme. Elle lui dit, avec une certaine sévérité, que, ne tenant pas de moi pareil mandat, il devait attendre ma rentrée à Blaye, ou, tout au moins, l’arrivée du pli renfermant la nomination de M. Gornet, annoncée de Paris, et les instructions du Commissaire-Préfet.

Ces Messieurs furent on ne peut plus étonnés de ce que je leur appris. Je fis déchirer le procès-verbal d’installation du nouveau Sous-Préfet préparé par M. Sebileau, dans son zèle à saluer le soleil levant, dès avant les très justes remontrances de ma femme, et j’en dressai moi-même un autre, en vertu de mon mandat spécial. Puis, j’envoyai convoquer à domicile tous les fonctionnaires, pour leur présenter sans retard mon successeur, et prendre officiellement congé d’eux.

Cela fait, et mes visites rendues le jour même et dans la matinée suivante, je quittai Blaye définitivement,