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de la démission des titulaires, et me fit observer justement qu’il ne s’agissait pas là de politique, mais de pure administration, et spécialement, de contentieux administratif. Nous pourrions, ajouta-t-il, M. Dosquet et moi, l’aider puissamment à résister aux démagogues bordelais, qui le poussaient à tout bouleverser dans le pays, en lui fournissant les moyens d’opposer les règles, à leurs passions, afin d’en contenir l’effort.

Certes, je ne pouvais, pour reconnaître cet extrême bon vouloir à mon égard, faire moins de lui demander quelques heures de réflexion. Il m’accorda. J’employai ce délai, tout d’abord, à me rendre chez M. le baron Sers, pour lui conter l’accueil, tout à fait inattendu, que je venais de recevoir, et lui soumettre ma répugnance extrême à participer, sous quelque titre que ce fût, à l’action d’une administration révolutionnaire. Que penseraient de moi, d’ailleurs, les Conseillers de Préfecture démissionnaires, si j’acceptais ainsi d’occuper la place de l’un d’eux ?

M. le baron Sers n’approuva pas mes scrupules. C’était sur son avis que M. Dosquet gardait la position de Secrétaire Général, et que l’ancien Sous-Préfet de La Réole, M. Armand Ducos, frère du conventionnel de ce nom et père de M. Théodore Ducos, Député bordelais de l’Opposition de Gauche, qui l’avait chaudement recommandé à M. Chevallier, devait rester au service, précisément comme Conseiller de Préfecture. Il voyait un très grand intérêt, pour le maintien de l’ordre, à faire entourer convenablement le nouveau représentant de l’autorité dans Bordeaux, et se faisait fort de me couvrir vis)à-vis de tous, à commencer par les membres de