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lait Chevallier ; qu’il paraissait animé de sentiments républicains bien modérés pour un délégué de Ledru-Rollin ; qu’il avait, en effet, commencé par lui demander son concours, tout au moins temporaire, afin de préserver, de son mieux, des effets de la révolution accomplie, le cours régulier des choses, et qu’il entendait rendre aussi peu dommageable que possible, pour les intérêts privés, le changement de régime consommé dans l’ordre politique.

Averti de ma présence, le Commissaire-Préfet me fit introduire immédiatement auprès de lui par l’huissier Baptiste, ahuri de tout ce qu’il voyait, et vint à moi, les mains tendues, en me disant qu’il était décoré de Juillet ; qu’il avait connu mon père au Temps, en 1830, et qu’il n’acceptait pas la démission que je venais lui donner ; qu’il avait reçu de Paris, le matin même, l’indication du nouveau Sous-Préfet à nommer pour Blaye ; mais qu’il faisait son affaire de mon maintien, vis-à-vis du nouveau Gouvernement.

Je lui répondis que je ne pouvais absolument pas, sans déshonneur, devenir le représentant de la politique du Gouvernement Républicain, après avoir servi, durant dix-sept ans, celle de la Monarchie de Juillet à peine écroulée.

Il me cita de très hauts fonctionnaires, notamment M. Dupin aîné, Procureur Général à la Cour de Cassation, ami personnel du Roi Louis-Philippe, membre de son Conseil Privé, qui se mettaient à la disposition du Gouvernement de l’Hôtel de Ville. Mais, je n’en maintins pas moins ma démission.

Alors, il m’offrit la Présidence du Conseil de Préfecture de la Gironde. Il devait le reconstituer, par suite