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de vote des militaires au service, subordonner l’exercice de ce droit à la libération définitive de l’électeur. — Avant tout, le devoir sacré de servir la Patrie. Ensuite, les droits politiques, ainsi mérités : c’est d’une logique absolue.

DÉPART DE BLAYE. MON REMPLACEMENT.

Le 26 février 1848, au matin, lorsque j’appris la révolution du 24, dont une dépêche télégraphique, retardée par l’état de l’atmosphère, avait porté la nouvelle, dans la journée du 25, à Bordeaux, je me trouvais au château de La Grange, près Blaye, transformé depuis peu sous la propre direction de la Marquise, pour y surveiller, à sa demande, la plantation d’un parterre et d’un boulingrin devant égayer un peu les abords de ce manoir bas et triste, auquel toute vue manquait, même du côté du fleuve, dont un massif de grands arbres (les seuls de la propriété), suivi de prairies d’alluvion impraticables. cachait l’immense nappe d’eau.

Je me hâtai de revenir à la Sous-Préfecture, pour prendre, sans retard, toutes les mesures propres à maintenir l’ordre dans Blaye et sur les points, très rares, de l’arrondissement, qui m’inspiraient quelque défiance. La pensée de déserter mon poste ne pouvait me venir, et j’étais parfaitement résolu, d’autre part, à ne m’en laisser déposséder que régulièrement. J’installai, dans une dépendance de l’hôtel, un piquet de Garde Nationale, relié à celui dont je prescrivis l’établissement à la Mairie, et je m’entendis avec Le Commandant de Place, pour que la garnison de la citadelle, consignée, fît, concurremment avec ces détachements assez nombreux, des patrouilles