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d’une possession quelconque, de la fixité de l’existence et de la maturité d’esprit.

D’après la Charte de 1814, on ne pouvait être électeur avant 30 ans passés. C’est en 1830 que la majorité politique avait été ramenée à l’âge de la grande majorité civile : 25 ans.

De nos jours, on contribue à décider, par son vote, du sort du Pays, quand on ne peut pas encore disposer de soi-même par le mariage, sans le consentement préalable de « Papa et Maman ».

Et dire que ces couches d’électeurs de 21 à 25 ans concourent, pour un quart environ, à la composition des listes électorales !

Je me rappelle que nous nous promenions, M. Duchâtel et moi, par le milieu d’une grande et belle pièce de vigne dite « la Sirène », à l’ouest de son habitation de Lagrange, quand j’énonçais de telles idées, si nouvelles pour lui, de la part d’un homme dont les convictions autoritaires n’étaient pas douteuses, et dont il avait éprouvé, d’ailleurs, dans plusieurs occasions déjà, le jugement froid et pratique en matière électorale. Il s’arrêtait, me regardait fixement, et reprenait sa marche, en m’engageant, par une question ou par une objection, à poursuivre le développement de mon système et de ses conséquences probables. Il envoya brusquement à tous les diables son valet de chambre, qui venait, en hâte, l’informer de la visite du Premier Président de la Cour Royale de Bordeaux, et ne voulut rentrer qu’après le complet achèvement de mon assez long exposé. Plusieurs fois, durant la saison, il me remit sur la même thèse, avec un intérêt visible.