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trop parfaites même ; soucieux, par-dessus tout, de sauvegarder sa popularité ; craignant tout ce qui pouvait soulever des débats. Je le peindrai d’un mot, en disant qu’il se faisait malade lorsqu’une affaire devait susciter des difficultés dans le sein du Conseil Municipal.

« Monsieur le Sous-Préfet, voulez-vous que j’aille me mettre au lit ? » me proposa-t-il, un jour où je lui manifestais le désir de faire ajourner une question qui ne me paraissait pas mûre !

Il remplaçait M. Brun, avocat, gendre du Président Pastoureau, homme d’affaires consommé, très laborieux, très actif, mais d’un caractère difficile, processif, et d’un jugement que l’esprit de système faussait parfois. Ses façons impérieuses envers ses subordonnés et ses objections incessantes aux instructions préfectorales, rendirent son administration insupportable à tout le monde. Il conserva, néanmoins, sa situation de Conseiller Général, et je réussis à bien vivre avec ce mal commode représentant du canton chef-lieu. Très catholique, il alliait des tendances légitimistes à des tendances d’opposition parlementaire. Je le maintins, malgré tout, dans le parti gouvernemental, à force de le traiter comme un de ses chefs influents, et de lui témoigner des égards personnels.

M. de Beaupoil Saint-Aulaire ne se montrait pas un moins fervent catholique. Mais, comme il n’existait pas un seul protestant dans l’arrondissement de Blaye, les questions religieuses n’y prenaient pas d’importance. — Mes rapports avec l’Archevêque de Bordeaux, Mgr Donnet, furent toujours faciles, et je devins son ami, grâce au bon vouloir que je mettais à faire réparer les églises ; surmonter les clochers des flèches qu’il affection-