Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Car, les temps étaient bien changés. Depuis plusieurs années, la loi dotait les communes et les départements de ressources convenables pour faire cesser un tel état de choses : il n’accusait, dès lors, que l’incurie des administrateurs.

Je pus dresser promptement à seconder mon action, les deux Agents Voyers d’Arrondissement placés sous mes ordres directs, en les initiant aux procédés les meilleurs pour faire l’emploi le plus utile de ces ressources, et, par dessus tout, des prestations en nature, devenus extrêmement familiers pour moi. Je méritai donc finalement, sans trop de peine, le compliment qu’après bien des années, Préfet de la Gironde, présidant le Conseil de Revision, à Bourg, je reçus du vieux Maire, presque infirme, d’une des plus petites communes du canton, simple cultivateur, qui s’était fait conduire à la séance, pour me revoir.

« Vous ne m’avez donc pas oublié ? » lui demandai-je. — « Comment serait-ce possible ? Monsieur le Préfet, » me répondit-il, « vous avez écrit votre nom, en chemins vicinaux, sur tout le sol de notre arrondissement !… »

Une route de poste montait, du port de Blaye vers Saintes, par Étauliers, Mirambeau, Pons, etc. Une autre venait à Blaye, de Saint-André-de-Cubzac (relais de la grande route de Paris à Bordeaux) à travers la vallée du Moron, qu’elle franchissait au pont de Magrigne, et par Pugnac. Une route départementale grimpait, de Bourg, par monts et par vaux, jusqu’à ce dernier relais. Un chemin de Grande Communication, passablement entretenu, mais bien mal tracé, allait de Blaye à Saint-Savin ; un autre, de la route de