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pereur. Elle avait, à l’extrémité d’un de ses salons, le buste de ce Souverain, par Canova, sur une sorte d’autel, toujours garni de fleurs fraîches très soigneusement groupées, devant lequel je ne la vis jamais passer, sans faire un signe de croix discret.

Quand elle recevait ses enfants, le château regorgeait de monde. Ce n’étaient que grands déjeuners et grands dîners, réceptions et fêtes, dont elle me constituait l’organisateur. Je préludais à Mirambeau, dans ces occasions, à de bien autres splendeurs, que l’avenir devait m’imposer à Paris.

Quant à mon collègue de Jonzac, M. Cambon, sur le terrain duquel je semblais empiéter, il ne se sentait aucune des aptitudes voulues pour cet office de Grand Maréchal du Palais : il ne m’en enviait donc pas les responsabilités. Toute son ambition, qui fut satisfaite, se bornait à la Recette Particulière de Blaye. Bientôt, il prit place, dans ce poste modeste, sous mon administration.

Le Sous-Préfet de Saintes, le comte de Tanlay, mon camarade de classe au collège Henri IV, venait, de temps à autre, rendre ses devoirs aux châtelains de Mirambeau ; mais il n’y recevait pas un accueil empressé : j’ignore pourquoi. Je le retrouvai Préfet, sous l’Empire. Il mourut dans le Pas-de-Calais, à la suite d’une commotion du cerveau, suite d’un accident de chemin de fer.

La Bonne Comtesse admirait la parfaite harmonie qui régnait entre ma femme et moi. « Comme ils s’entendent, ces deux-là ! » disait-elle. Dans les moments de presse, elle en concluait qu’une chambre pouvait nous suffire.