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certes, le concours de milliers d’ouvriers, pour l’accomplir à la pelle, dans le même délai.

Je fus très vivement frappé de ce spectacle, et je m’en suis souvenu, quand il s’est agi d’aviser au nettoyage économique des principaux égouts parisiens.

UN GRAND SEIGNEUR.

La majeure partie des marais de Saint-Louis et de Saint-Simon, une plus petite des marais de Blaye, et toute la Vergne étaient demeurées la propriété des héritiers du Duc de Saint-Simon, représentés par M. le marquis de Lamoignon, Pair de France, qui, toute l’année, habitait, à Saint-Ciers-la-Lande, sa résidence de La Cassine. De ce chef, M. le marquis de Lamoignon possédait une soixantaine de fermes, louées de 2,000 à 4,000 francs, l’une ; plus, le revenu de la Vergne, dont la « bauge », provenant de la coupe fréquente des joncs et roseaux qui la couvraient : — joncs utilisés au liage de la vigne ; roseaux recherchés comme éléments d’engrais ; — se vendait couramment à de bons prix.

Je n’ai pas besoin de dire qu’on jalousait, de bien des côtés, sa fortune territoriale.

Cependant, l’ensemble des propriétaires des marais lui devait une grande reconnaissance.

En effet, au retour de l’émigration, il avait trouvé l’œuvre des Hollandais dans un abandon presque entier. Après maints efforts inutiles, afin d’obtenir, pour la restaurer, tous les concours nécessaires, il profita de l’arrivée de M. le comte Molé, son neveu, à la Direction Générale des Ponts et Chaussées, sous le premier Empire, pour provoquer et faire rendre la loi du 16 sep-