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L’ARRONDISSEMENT ET SES MARAIS.

L’arrondissement de Blaye ne comprend pas plus de 4 cantons (Blaye, Bourg, Saint-Ciers-la-Lande, Saint-Savin) et de 56 communes plus ou moins peuplées ; il n’avait, en tout, que 60,000 habitants. La ville chef-lieu en comptait 5,000, à peine.

Le canton de Bourg repose sur une roche de calcaire marin. Dans tous les autres, on se trouve sur un sol lacustre. Particularité bien curieuse : dans ce canton de Bourg, sis autrefois en Guienne, le patois bordelais se parle couramment encore ; partout ailleurs, c’est le français, avec l’accent traînard de la Saintonge, qu’on entend. Il n’y a pas de transition : un petit cours d’eau, qui se jette dans la Gironde au pied de la Roque-de-Tau, sépare les deux idiomes. En deçà, du côté de Blaye, sur le calcaire d’eau douce, la langue d’oil ; au delà, du côté de Bourg, sur le calcaire marin, la langue d’oc. Les habitudes des populations se montrent aussi tranchées.

Au point de vue agricole, l’arrondissement est coupé non moins nettement, en trois zones :

Dans celle des coteaux, de beaucoup la plus importante, qui borde la Gironde et la Dordogne, en remontant de Blaye jusqu’à la limite du canton de Bourg, vers Saint-André-de-Cubzac, la vigne garnit les sommets et les pentes de son sol, fortement argileux. Des champs et des prés, surtout dans la vallée du Morin, qui forme cette limite, occupent les parties basses.

La vigne provient de plants d’abondance ; cultivée à la main, elle est fructueuse. Les vins du Blayais, peu corsés, valent un prix médiocre. Ils ont un goût de terroir.