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11 janvier 1793, présidée par Vergniaud, et publiées, dans son numéro du lendemain, par le Moniteur Universel, devenu seulement plus tard journal officiel : 1o une lettre datée de Mayence, le 6, par laquelle Merlin de Thionville, en mission à l’armée du Rhin, avec mon grand-père et Rewbell, revendiquait le droit d’envoyer son vote par écrit, et se prononçait d’avance pour « la mort de Capet » et la prompte exécution du jugement ; 2o un rapport à la Convention, daté de même, et signé : Haussmann, Rewbell, Merlin de Thionville, sur les opérations et les besoins de l’armée, se terminant par cette phrase : « Nous sommes entourés de morts et de blessés ; c’est au nom de Louis Capet que les tyrans égorgent nos frères, et cependant, Louis Capet vit encore ! »

Mon grand-père ne connaissait pas ce numéro du Moniteur Universel avant 1816. Il a toujours désavoué formellement le rapport publié par ce journal, et déclaré que, pour rien au monde, il n’eût permis d’introduire, dans un document revêtu de sa signature, la phrase odieuse justement incriminée. Elle ne se liait, du reste, en aucune façon, aux phrases précédentes.

Cette remarque fit penser qu’une addition avait été faite, par Merlin de Thionville, au rapport déjà signé, pour confirmer le contenu de sa propre dépêche. Voici le résultat des recherches ordonnées.

Une lettre, dont j’ai copie, adressée, le 24 février 1816, au Ministre de la Police, par M. Daunou, Garde des Archives du Royaume, constate que, si le Moniteur Universel donne ce rapport comme lu dans la séance du 11 janvier 1793, cependant, le procès-verbal de cette