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Blaye que pour les grandes occasions : nos dîners et soirées dansantes d’hiver ; le dîner du Conseil d’Arrondissement et celui du Conseil de Revision ; puis, des visites à faire, soit, dans les environs, notamment â Mirambeau ; soit, en Médoc, de l’autre côté de la Gironde, où nous avions, pendant l’automne, des parents et amis, en vendanges dans leurs crus.

Pour moi, je partais ordinairement de Blaye, la canne à la main, tous les samedis, quand ce n’était pas les vendredis, par le bateau montant, vers midi, pour Bordeaux, et je rentrais le mardi matin. En route, je rencontrais nombre de mes administrés, s’embarquant aux escales qui font un long chapelet tout le long de la côte, de Blaye à Bourg, et j’en voyais autant, au retour, qui revenaient avec moi.

J’ai traité bien des questions et arrangé bien des affaires, sur le pont du bateau. Avec combien de propriétaires de l’arrondissement de Lesparre, embarqués au Verdon, à Pauillac, à Beychevelle, n’ai-je pas ainsi lié connaissance pendant mes six années de Blayais ?

À partir du Bec d’Ambès, c’était à des Bordelais, propriétaires sur les deux rives de la Garonne, que j’avais à faire !

Ces voyages, peu fatigants, formaient plutôt des promenades, en général, agréables ; car le mauvais temps n’est vraiment pénible, en rivière, qu’au-dessous de Pauillac. Du Bec d’Ambès à Blaye, la Gironde a bien 4 kilomètres de largeur, mais en deux bras, séparés par l’île Cazeaux, l’île Verte, l’île du Nord, celle du Pâté, où s’élève, entre la citadelle de Blaye et le fort du Médoc, un fortin complétant la défense du fleuve, et enfin, celle de Patiras.