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même, il se trouvait, par elles, un peu cousin de ma belle-mère.

Il me dit, avec un intérêt visible, que l’arrondissement de Bazas lui semblait trop voisin de celui de Nérac, où je figurais, comme électeur, depuis mes acquisitions de Houeillès ; que j’y ferais peut-être loucher M. Sylvain Dumon et les siens, à cause de l’approche des élections de 1842, et qu’il m’engageait à voir, avant tout, M. Galos, négociant à Bordeaux, Député doctrinaire de Bazas, grand ami de M. Dumon. Il ajouta que Blaye avait un Député charmant, M. le marquis de la Grange, avec qui je m’entendrais à merveille ; qu’on était là, d’ailleurs, tout près de Mirambeau, résidence du comte et de la comtesse Duchâtel, père et mère du Ministre, lequel venait y recevoir, tous les ans, ses électeurs de Jonzac.

Je me rendis chez M. Galos. Je le trouvai dans son comptoir, gourmé, compassé, glacialement froid, et je compris, à première vue, que j’éprouverais peu d’agrément avec un Député pareil. Je lui déclarai donc, sans plus, qu’après avoir consulté mon nouveau Préfet, je venais lui faire connaître mon intention de demander au Ministre Blaye au lieu de Bazas, et je le priai de m’excuser de cette préférence, inattendue peut-être, pour un arrondissement autre que le sien. Il parut soulagé par cette entrée en matière, et me dit, courtoisement, regretter pour Bazas un Sous-Préfet de ma valeur. Cependant, il croyait ma résolution sage, et m’en savait gré. Nous nous quittâmes en termes polis.

Je me hâtai d’écrire au Ministre ces détails. Il fit remplacer l’ordonnance, déjà rendue, me nommant Sous-Préfet de Bazas, par une autre, qui me transférait à Blaye (23 novembre 1841).