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posée pour porter une (vache) et des caisses de voyage, et convenait parfaitement au trajet de trois jours qu’il s’agissait de faire. Tout se passa bien.

Ma chère femme fut ravie de cette diversion apportée à l’existence toujours inquiète qu’elle menait depuis plus d’un an. Le pays l’enchantait. Nos promenades à pied autour de Saint-Girons et jusqu’à Saint-Lizier lui faisaient désirer des excursions plus sérieuses.

Je commençai par la conduire à Foix, pour la présenter à Madame la Préfète, qui tint à nous donner la plus gracieuse hospitalité.

Le Préfet, M. Pascal, appartenait au Midi. Cela se voyait à son attitude ; cela s’entendait à son accent. Plein de son importance, et le verbe haut, il posait toujours un peu. Mais, en paraissant croire que « c’était arrivé », l’on pouvait avoir facilement raison du reste. Au fond, excellent homme ; assez bon administrateur.

Nous connûmes alors son fils, jeune garçon très bien doué, qui vient d’achever, à soixante ans, de la façon la plus regrettable, une carrière administrative trop rapide et une vie politique très mouvementée, faute, chez lui, je le crois, de convictions sérieuses pouvant guider l’emploi de ses facultés remarquables.

Je profitai de la tournée du Conseil de Revision pour montrer à ma femme les trois cantons montagneux de Massat, d’Oust et de Castillon, dans une circonstance qui mettait la population en mouvement, et qui lui donna lieu de comparer beaucoup de figures différentes et de costumes variés.

Elle fit au Conseil les honneurs d’un grand dîner à la Sous-Préfecture, que je réussis, comme l’année précé-