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vîmes, endimanchés, les habitants et habitantes des diverses communes de la vallée de Biros, dont les types sont très beaux, et les costumes, très curieux.

CONGÉ. VOYAGE À PARIS.

Vers le milieu d’octobre, considérant ma mission comme remplie, je demandai mon congé. Mes préparatifs de départ ne furent pas longs. Dominique s’en réjouit fort. L’Ariège n’était pas son fait. — « Ils appellent cela des pays !… » disait-il ; « Allons donc !… des perchoirs ! Il faut toujours monter ou descendre. Pas un endroit de niveau, pour s’y promener tranquillement ! » — «Mais, » lui dis-je en riant, « il s’en trouve où l’on dort bien tout de même. » — « Oh ! je sais, Monsieur, à la fraîche ; mais, quand on n’a pas toujours un œil ouvert, on risque d’être réveillé par un ours. Car, on voit plus d’ours que de lapins, dans leurs satanés bois qui n’en finissent jamais. Et puis, quelle nourriture ! On croit vous régaler avec de la bête sauvage. » — « De l’isard ? » — « Oui, Monsieur. » — « Mais, l’isard n’est pas plus sauvage que le lièvre ! » — « Oh ! Monsieur, quelle différence ! Le lièvre, au moins, il se laisse approcher. On peut lui tirer un coup de fusil ; mais, l’autre ?… Il part à une lieue de distance. Il faut grimper sur des rochers, dans les nuages, au risque de sa vie, pour aller, en traître, l’attendre dans un coin. Ce n’est pas de la chasse ! »

Quelque chose l’horripilait encore plus, si possible : c’était le langage des habitants, qui choquait ses oreilles, gâtées par le gascon harmonieux dont Jasmin, le poète agenais, a tiré si grand parti. Et l’espagnol ! — « Quel