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Pallaresa, sourdant, à l’ouest et à l’est, du gigantesque mur mitoyen des vallées d’Aran et d’Arreu, prennent leur cours, l’une, vers l’Océan ; l’autre, vers la Méditerranée ; puis, revenir sur nos pas et, longeant la frontière à la base méridionale, espagnole, du pic du mont Vallier, gagner, par le port d’Aula, un ravin français dévalant vers le chemin qui va, le long du ruisseau de I’Artigue, de ce port, à Conflens.

Nous étions munis de fortes chaussures ; et armés, non pas d’un bâton ferré ; mais, de deux. Un de nos douaniers devait nous accompagner, porteur de provisions ; un autre, conduire Dominique et nos chevaux à Conflens, en contournant, au nord, le mont Vallier, par la voie la plus courte, mais la plus accidentée, qui remonte le ravin de Marcadet, passe le col de Craberon et redescend le ravin du Lameza, tributaire de l’Artigue. On devait nous annoncer, pour le soir, à M. Faur-Coni, membre du Conseil Général pour le canton d’Oust, riche propriétaire, possédant de si nombreux troupeaux, qu’on l’avait surnommé : « le marquis de Mille-Vaches ». Nous comptions lui demander l’hospitalité.

Dès le soleil levant, nous nous lestâmes d’un repas frugal, avant d’escalader la frontière, entre le sommet des Trois-Comtés et le pic du mont Vallier.

Nous pûmes exécuter, non sans peine, mais à peu près bien, le premier article de notre programme, et grimper sur un sommet espagnol assez avancé pour nous permettre de voir se dessiner, à notre droite et à notre gauche, les méandres des deux rivières partant des revers opposés de notre sierra, beaucoup plus haute que large en cet endroit, et dont les cimes partagent,