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de la Hourquette et le portillon d’Albe. J’ai déjà parlé de ces trois passages, assez difficiles, dans le cours du chapitre précédent.

De celui d’Orle à celui de la Hourquette, on trouve, à 2,500 mètres au-dessus des sources de deux petits ruisseaux tributaires du Lez, le col de Tartereau ; à 2,547 mètres, le port d’Uzets, séparé du premier par le pic de Maubermé ; puis, à 2,607 mètres, la col de Villenave. Après le port d’Orle, au delà du pic de Girette, est le port de ce nom, à 2,620 mètres. On y grimpe en côtoyant, d’abord, la Ribeira ; puis, le ruisseau de Peyrelade, sous le pic de Serraille, entre le sommet des Trois-Comtés et le revers occidental du mont Vallier. La Ribeira va se jeter dans le Lez, au-dessous du confluent de la rivière d’Ode, avant le village de Bordes, où se voit celui de la rivière de Bethmale, qui descend, je l’ai déjà constaté, du beau lac de ce nom.

Tous ces passages donnent dans la vallée d’Aran, par des chemins suivant le cours d’affluents de la Garonne, qui prend sa source en haut de ce petit pays, et qui pénètre en France au Pont-du-Roi. Or, si la vallée d’Aran appartient à l’Espagne, sa position géographique la rattache à la France ; car, elle est détachée de la province de Lerida par la grande chaîne des Pyrénées, qui tourne brusquement au sud, à partir du massif du mont Vallier, et va rejoindre, par une courbe, celui de la Maladetta, pour y reprendre sa direction première, et qu’il faut franchir, par le col d’Espos ou de Biella, quand on veut aller, de cette vallée espagnole, dans la véritable Espagne. La contrebande de guerre présentait donc plus de difficultés, à tous égards, du côté du Lez que du côté du Salat.