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ASILE DE SAINT-LIZIER.

C’est à Saint-Girons que s’affermirent, en moi, les convictions, désormais inébranlables, auxquelles Paris doit un service d’eau de sources dérivées, pures et salubres.

C’est à Saint-Lizier que la question des asiles d’aliénés me devint familière.

Celui dont j’avais la surveillance, était plus que médiocrement installé dans les bâtiments fatigués d’un ancien palais épiscopal ; car, autrefois, Saint-Lizier fut le siège d’un Évêché, partageant, avec celui de Pamiers, la direction ecclésiastique du comté de Foix. Cette fondation possédait par elle-même des ressources fort limitées, et le département de l’Ariège, auquel la loi du 20 juin 1838 imposait la charge de ses aliénés dangereux, indigents, ne pouvait les compléter qu’avec parcimonie. On y tirait donc le plus grand parti possible du travail de tous. Nous pratiquions le système d’Esquirol, autant par nécessité que par conviction doctrinale.

On y voyait des ateliers de tailleurs, de couturières et de cordonniers, où se confectionnaient les vêtements et les chaussures des divers pensionnaires. Nous utilisions les maçons, charpentiers, couvreurs, menuisiers, etc., qui se trouvaient au nombre de nos malades, à l’entretien des bâtiments ; les jardiniers, au potager, au verger. Le quartier des femmes fournissait les cuisinières, servantes, lingères, blanchisseuses et repasseuses. Enfin, des escouades de manouvriers allaient entreprendre, au dehors, des travaux agricoles, pour le compte de tiers.

Peu à peu, tous les gens à gages avaient disparu. Sauf le Médecin-Directeur, l’Économe et les Sœurs, il