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LE PAYS ET SA POPULATION.

Un de mes premiers soins fut de prier le Lieutenant de Gendarmerie, fort au courant de l’élevage des chevaux de Remonte, branche importante de l’industrie locale, de composer mon écurie, et je fus bientôt à la tête de deux très jolies et très vigoureuses pouliches de quatre ans, issues de juments navarrines, et provenant d’étalons arabes du haras de Tarbes ; un peu trop ardentes, au gré de Dominique, mais ayant les jambes fines, nerveuses, et le pied montagnard.

Dès mes visites officielles reçues et rendues, une tournée de Recrutement me fournit l’occasion de parcourir les six cantons de l’arrondissement de Saint-Girons, entre lesquels ses 83 communes et sa population de plus de 80,000 âmes se répartissaient, et de constater que la plupart forment, en quelque sorte, autant de pays distincts, séparant des chaînes de montagnes abruptes, à peu près impraticables aux communications, descendant presque parallèlement du massif central des Pyrénées, et se ramifiant à l’infini dans toutes les directions.

Les plus considérables de ces cantons comprennent plusieurs vallées convergeant vers leurs chefs-lieux, où elles se confondent, et dont la physionomie générale, les produits, les industries, et jusqu’au type des habitants, sont presque toujours dissemblables.

Chaque vallée, grande ou petite, a son thalweg sillonné par un cours d’eau ne tarissant pas, mais d’un débit proportionnel au périmètre du bassin qu’elle constitue. C’est le témoin permanent des grands courants diluviens qui l’ont creusée, depuis le soulèvement pyré-