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Nous nous quittâmes en désaccord sur ce point ; mais, il ne m’en promit pas moins de prévenir M. de Rémusat de ma visite, et de me faire accorder la réparation qui m’était due.

On le comprend : si la divulgation de ces instructions confidentielles et de mes réponses n’a d’intérêt aujourd’hui qu’au point de l’histoire du Régime Parlementaire en France, alors, elle pouvait recevoir une toute autre portée.

La première parole du Ministre, à mon entrée, fut qu’il ne me demandait point ma correspondance avec M. Duchâtel : j’avais eu raison de ne pas la livrer à M. de Maleville, et, dans les circonstances où je me trouvais, ce refus me donnait un titre de plus à son estime. Il se déclara tout disposé, d’ailleurs, à régler mon affaire au mieux de mes intérêts d’avenir. Mon désir d’aller à Libourne, après les quelques mois qu’on me demandait de passer à Saint-Girons, pays très pittoresque et très agréable, voisin de l’arrondissement de Muret, qu’il représentait à la Chambre des Députés, lui paraissait bien modeste. Il aimerait à satisfaire une ambition plus élevée, chez un fonctionnaire noté comme il avait vu que je l’étais, dans mon dossier.

Je crus devoir me présenter chez M. Thiers, Président du Conseil, au Ministère des Affaires Etrangères, occupant encore alors, à l’angle du boulevard et de la rue des Capucines, l’ancien palais du Prince de Neuchâtel (le Maréchal Berthier) que, Préfet de la Seine, je fis démolir et vendre par lots, très chèrement, pour le compte de l’État. — Les terrains qu’il recouvrait et ses jardins s’étendaient, sur le boulevard, jusqu’à la